Les sens

vue:

L'organe sensoriel le plus développé du caméléon est l'œil. Les paupières, constituées de petites écailles, recouvrent la majeure partie de l’œil à l’exception d’une petite ouverture circulaire en regard de la pupille. Elles fournissent une excellente protection contre le dessèchement et les chocs. Le caméléon a un champ de vision très important grâce à de larges globes oculaires situés de chaque côté de la tête et à des mouvements indépendant de chacun de ses yeux dans toutes les directions. Il est ainsi en mesure d’apercevoir un objet situé à un angle vertical de 90° et horizontal de 180°, seule la zone située au-dessus de son dos est hors d'atteinte pour ses yeux. Cette grande mobilité compense également la lenteur des déplacements du caméléon et lui permet de détecter la

présence d’un prédateur ou d’une proie sans tourner la tête. Les deux yeux ont des mouvements indépendants ce qui fournit au cerveau deux images différentes à la fois. Pour obtenir une vision stéréoscopique binoculaire et apprécier les reliefs et les distances, l’animal doit orienter simultanément ses deux yeux dans la même direction. La perte d’un des yeux rend ainsi la capture des proies très difficile car le caméléon n’est alors plus en mesure de projeter sa langue à la bonne distance.

Par ailleurs le caméléon a une très bonne acuité visuelle, il est capable de percevoir nettement sont environnement distant de plus de 12 mètres. Il est aussi en mesure de percevoir les couleurs qui s’étendent du rouge au violet (soit de 375 nanomètres à 610 nanomètres de longueur d'onde) mais ne voit ni l’infrarouge ni l’ultraviolet. L’analyse de la rétine de l'œil révèle l’absence de bâtonnets et donc l'impossibilité de voir dans l'obscurité et la nuit. Par contre, il y a une abondance exceptionnelle de cônes dans la rétine, ce caméléon a donc une excellente vision diurne. C'est l'œil le plus développé de tout le règne animal!

Le caméléon ne possède pas de glande lacrymale comme chez les serpents mais a une glande de Harder pour humidifier ses yeux.

Ouïe:

Le caméléon ne possède ni oreille externe ni membrane tympanique. Il dispose uniquement d’une oreille interne simplifiée. Ce sont les tissus mous et les os du crâne situés de chaque côté de la tête en arrière des yeux qui transmettent les vibrations sonores et permettent au caméléon de détecter des sons de basses fréquences essentiellement comprises entre 200 et 600 Hertz.

Odorat et gout:

Les odeurs et les saveurs sont captées chez le caméléon par l’organe de Jacobson situé dans la cavité buccale en avant du palais. Présent chez les Mammifères et très développé chez les reptiles, l’organe de Jacobson ou organe composé de deux cavités tapissées de cellules sensorielles recouvertes d’une fine couche de mucus. On a également trouvé sur la langue du caméléon des bourgeons gustatifs qui lui permettent occasionnellement de contrôler l’environnement en léchant les surfaces.

Autres:

Thermorégulation:

Le caméléon est, comme tous les reptiles, ectothermique. Cela signifie que sa température interne est fluctuante et dépend entièrement des facteurs environnementaux. Pour se réchauffer le caméléon s’expose au soleil en se positionnant le plus perpendiculairement possible aux rayons, s’aplatit et adopte une coloration foncée de la peau ce qui permet d’absorber efficacement les rayons infrarouges, les plus énergétiques. Les vaisseaux capillaires superficiels se dilatent, la fréquence cardiaque s’accélère ce qui accroît l’absorption de la chaleur. A l’opposé si la température interne s’élève trop, l’animal se retire à l’ombre, s’éclaircit, s’hyperventile avec la bouche grande ouverte, la langue sortie. D’une manière générale, le caméléon résiste mieux à l’hypothermie qu’à l’hyperthermie.

La Peau

La peau présente les deux couches classiques rencontrées chez les vertébrés à savoir une couche superficielle, l’épiderme, et une couche profonde, le derme. Le derme supérieur est très vascularisé, il a un rôle nourricier et il participe aux échanges thermiques avec l’extérieur.

Le derme profond est surtout constitué de collagène, il contient des vaisseaux, des nerfs, des fibroblastes et des cellules chromatophores. La peau des caméléons est toujours sèche. L’épaisseur de la peau varie en fonction du lieu de vie. Dans les régions désertiques, les caméléons sont protégés de la dessiccation par une peau épaisse et sèche. Les espèces des régions montagneuses ont une peau plus fine et plus perméable à l’humidité.

La mue

La couche superficielle de la peau est composée de cellules fortement kératinisées et donc mortes. Elle ne croît plus et est renouvelée à l’occasion des mues. L’ancienne peau, appelée exuvie, se dessèche, se rigidifie puis tombe. L’animal peut se frotter pour favoriser la chute de l’exuvie. Chez le caméléon la peau s’exfolie généralement en lambeaux. Les mues sont plus fréquentes en période de croissance qu’à l’âge adulte : un adulte mue en moyenne tous les quatre mois environ et un jeune au bout de quelques semaines. Elles durent, suivant l’environnement, de plusieurs heures à plusieurs jours. Contrairement aux serpents, les caméléons continuent à se nourrir normalement avant la période de mue. Une mue de longue durée et la persistance de lambeaux de peau ancienne indiquent de mauvaises conditions de santé ou de nutrition. L’espace formé entre l’ancienne et la nouvelle peau peut être colonisé par des bactéries ou des champignons susceptibles d’endommager l’épiderme de manière irréversible. De même la persistance d’écailles sur les paupières ou le museau peut gêner la vision et donc la capture des proies et mettre en péril le caméléon.

Mécanisme de la coloration

La coloration de la peau du caméléon fait intervenir plusieurs types de cellules spécialisées localisées dans l'épiderme et le derme. L'épiderme est la couche la plus superficielle de la peau, composée de cellules kératineuses et transparentes, dont la dernière couche est composée de cellules mortes, donc peu extensible. Celle-ci doit donc alors se détacher pour permettre la croissance de l'animal, sous l'action d'une couche de liquide et de bulles d'air qui s'immiscent entre la couche de peau morte (l'exuvie) et la couche encore vivante, ce qui provoque sa chute, c'est le phénomène de mue.

Le derme est la couche plus profonde de la peau, dans laquelle se situent les chromatophores, c'est à dire les cellules pigmentaires responsables des couleurs et des variations de teintes. Les plus superficielles sont les iridocytes. Leur cytoplasme contient des particules de purine en suspension. Selon leur conformation spatiale, elles absorbent ou non les rayons lumineux par "effet Tyndall", masquant plus ou moins les couleurs des cellules de la couche d'en dessous.

Les cellules pigmentées, appelées chromatophores, sont de plusieurs types. Les plus superficielles (vers la surface de la peau) contiennent des pigments de caroténoïdes dans leur cytoplasme : ce sont les xanthophores (pour le jaune) et les érythrophores (pour le rouge). Plus profondément se trouvent les guanophores, qui grâce aux cristaux transparents de guanine de leur cytoplasme, réfléchissent ou non passivement le bleu de la lumière, selon l’incidence des rayons. Ainsi si la couche de cellules situées au-dessus des guanophores est constituée de xanthophores, la lumière réfléchie apparaîtra verte par association du bleu et du jaune. Enfin, se trouvent les mélanophores, cellules pouvant changer de forme et présentant des sortes de "tentacules" contenant de la mélanine responsable de la couleur sombre de la peau du caméléon.

Les chromatophores sont des cellules contractiles qui peuvent faire bouger leurs pigments au sein de leur cytoplasme sous l’action à fois du système nerveux central et du système endocrinien (hormones), notamment de l’adrénaline. Chez le caméléon au repos, les pigments sont répartis de manière homogène au sein des chromatophores, la lumière est diffusée par les iridocytes jusqu’aux guanophores qui la réfléchissent vers l’épiderme : la peau arbore alors des couleurs brillantes. Sous l’action d’un stress tel que la vue d’un adversaire, la lumière est diffusée jusqu’au derme et les xanthophores se contractent rapidement : l’animal affiche alors des couleurs vives et sombres. Lorsque le caméléon est actif mais non menacé, les mélanophores se contractent et les couleurs sont vives et brillantes. Toutes les variations de couleurs sont donc possibles selon la position des iridocytes dans le derme, l’incidence des rayons lumineux sur les guanophores et l’état de contractilité des chromatophores. Il est cependant faux de penser qu’un individu donné soit capable d’exprimer toutes les couleurs. En effet, chaque espèce possède une palette propre avec un schéma corporel modulable mais limité.

Bouche et dentition:

Les caméléons possèdent de petites dents coniques, toutes identiques et rudimentaires, insérées directement sur le bord supérieur de l’os maxillaire. Les dents ne sont donc pas remplacées chez le caméléon, contrairement à la plupart des autres lézards. Les dents servent essentiellement à maintenir les proies dans la gueule. L’intérieur de la cavité buccale est souvent coloré. En cas de menace, certains caméléons exhibent l’intérieur de leur gueule pour faire fuir leurs adversaires.

La bouche contient des glandes secrétant du mucus et des glandes produisant une salive non collante de viscosité variable.

squelette caméléonsquelette caméléon

La langue et son système de propulsion est basé sur une architecture osseuse et musculaire particulière. L'os principal est l'apophyse entoglossale, constituée de deux parties. Il existe également quatre petits os hyoïdes situés dans un plan frontal qui permettent l'attache de puissants muscles ayant un rôle de propulsion et de pro traction de l'apophyse entoglossale. Sur l'une des deux parties de l'os entoglossal se place la langue dont la base très extensible se rétracte autour l'os. La partie distale de la langue, appelée massue, se replie vers l'arrière par-dessus l'os entoglossal, sans se rétracter autour. La massue est plus dense et creusée de sillons, qui sous l'action d'une couche de salive et de visqueuses mucosités, engendrent un effet ventouse qui permet d'engluer la proie.

langue caméléon

Lorsque le caméléon a repéré sa proie, il la cible des deux yeux simultanément, se met face à elle, et entrouvre légèrement la gueule en laissant une petite partie de la langue saillir à l'extérieur. Apres une durée variant de quelques secondes à plusieurs minutes, il propulse la langue vers l'avant à une vitesse de plus de 5m/s, la massue englobe partiellement la proie, puis la langue se rétracte vers la bouche. Pendant la phase de rétraction, le caméléon ferme habituellement les yeux pour éviter d'être blessé par la proie. Le caméléon maintient ensuite cette dernière entre les mâchoires et l'avale sans réellement la mastiquer.

Corps, pattes et queue

Le caméléon a la particularité d'avoir des cotes non fixées au sternum, mais derrière, sur la crête cartilagineuse médiane. Cette morphologie lui permet de modifier la section sagittale de son corps, choisissant d'être soit ronde, soit aplatie. Ceci permet de modifier le rapport de surface/volume du corps, et de réguler plus facilement sa température. En modifiant leur conformation, ils peuvent réguler leur température interne, se camoufler ou communiquer avec d’autres individus : ils s’aplanissent au maximum le matin pour augmenter leur surface corporelle afin de capter le plus d’énergie solaire possible, ils s’aplatissent derrière une branche et oscillent pour imiter le mouvement des feuilles des arbres, ils se gonflent pour menacer leurs adversaires. Les caméléons ont des membres caractéristiques adaptés à la vie arboricole. Les pattes sont longues et puissantes. Les articulations des hanches et des épaules, extrêmement mobiles, rendent les caméléons très souples. Les doigts sont soudés en partie entre eux formant ainsi des pinces pour s’agripper fermement aux branches. Deux doigts externes et trois internes sont soudés sur les pattes avant . Trois doigts externes et deux internes sont soudés sur les pattes arrière. Tous les doigts sont munis d’une griffe incurvée. La griffe est généralement blanche à jaunâtre, parfois transparente. Les écailles des faces palmaires et plantaires des pattes, ainsi que celles de la partie ventrale de l’extrémité de la queue ont une structure modifiée qui forme des coussins adhésifs facilitant les déplacements sur les surfaces lisses.

pince caméléonqueue caméléon

La queue est un plus longue que la tête et le corps. Elle est préhensile, c'est-à-dire qu’elle agit comme un cinquième membre en saisissant les objets qui l’entourent. Au repos, elle est normalement enroulée sous le cloaque et se déploie dès que l’animal doit s’agripper. Lors de déplacement à terre, la queue est maintenue vers l’arrière ou vers le haut en demi spirale incurvée en « S ». La queue mutilée ne repousse jamais.

Organes internes:

Le système cardio-vasculaire est le même que pour tout les sauriens, à savoir qu'il est composé d'un cœur muni de deux oreillettes et d'un ventricule unique compartimenté par une paroi musculaire.
Le système circulatoire comprend la particularité de ne pas envoyer de sang artériel vers les reins pour la filtration, ces derniers récupérant le sang veineux des membres inférieurs et de la queue.
Cette particularité est très importante pour déterminer la localisation de l'injection de solutés présentant une toxicité rénale. Ce système cardio-vasculaire est alimenté en oxygène par des poumons unilobés, dont la partie distale se termine par des sacs aériens. La cavité thoracique étant dépourvue de diaphragme, le mouvement de ventilation pulmonaire est généré par les muscles costaux. Le système digestif comporte un estomac allongé, un intestin qui se jette dans le coprodeum, premier des trois compartiments du cloaque. Les deux autres compartiments sont :
- l'urodeum, qui recueille les urines, provenant de la vessie qui débouche directement dans celui-ci. Les urines sont les déchets de filtration des reins, et sont acheminées vers la vessie via les urètres. L'urodeum reçoit également le sperme et les œufs (ou les petits dans le cas d'une femelle vivipare)
- Le proctodeum, qui est la cavité débouchant directement sur l'orifice cloacal et l'extérieur.

Les ovaires et les testicules sont localisés antérieurement aux reins. L'oviducte, qui sert à maintenir les œufs et les petits pendant la gestation, débouche dans l'urodeum. Les hémipénis des mâles sont repliés dans deux poches localisées à la base de la queue, en présentant un renflement plus ou moins marqué sur cette dernière.

organes internes caméléon